Dangers pour les abeilles

Les abeilles mellifères – comme la plupart des insectes pollinisateurs – sont en raréfaction et parfois en danger de disparition dans certaines régions d’Europe. L’impact sur l’environnement, mais aussi sur l’agriculture sont considérable. Et l’être humain est directement concerné par la diminution du nombre des abeilles. Chaque année et en France, des milliers de colonies d’abeilles disparaissent. Et les essaimages naturels ne permettent pas de remplacer les effectifs. Il est donc important de connaître les dangers qui menacent les abeilles, mais aussi de changer nos habitudes de consommateur et d’apiculteur pour leur venir en aide.

Les prédateurs et les parasites

Les abeilles comme tous les êtres vivants sont exposées à des maladies et à la prédation. Ces insectes peuvent être tués par des virus, des bactéries et d’autres parasites. Elles sont aussi des proies qui intéressent beaucoup d’autres animaux. Il est donc important de faire la différence entre les espèces nuisibles pour aider ses colonies à les combattre efficacement. Ce n’est qu’en bonne santé qu’une colonie est capable de produire du miel et de survivre sur le long terme.

Le varroa

Il s’agit d’un acarien originaire d’Asie qui touche les abeilles en France depuis le début des années 80. À l’origine, il vît sur l’abeille asiatique et ne provoque pas la mort des colonies en bonne santé. Par contre, le varroa est très actif dans les colonies d’abeilles mellifères. Notre espèce européenne n’a pas évolué avec le varroa. Elle n’a donc pas mis en place des comportements pour lutter efficacement contre.

Le varroa – que les scientifiques nomment Varroa destructor – est un acarien qui se nourrit du corps gras de l’abeille adulte et de sa larve. Il affaiblit l’insecte qu’il parasite. Ce qui le rend moins efficace durant sa vie. Les ouvrières parasitées sont de moins bonnes nourrices et de moins bonnes butineuses. Elles vivent aussi moins longtemps. Le varroa est aussi un vecteur pour plusieurs infections virales. Ces virus provoquent des malformations et augmentent la mortalité chez les abeilles. Le virus le plus connu est celui qui provoque des malformations des ailes. Les abeilles touchées ne peuvent donc pas voler et sont incapables de rapporter à la colonie du nectar et du pollen pour nourrir la communauté et le couvain.

Il est donc important de mettre en place des méthodes de lutte contre le varroa. Car sans action de la part de l’apiculteur, les colonies peuvent disparaître après quelques mois ou quelques années. On réalise communément des traitements à base de produits chimiques naturels (Acide oxalique) ou de synthèse (Amitraze). Ces produits actifs peuvent être dangereux pour les abeilles ou l’apiculteur s’ils ne sont pas correctement utilisés. Pour être efficace, ces traitements doivent être appliqués au bon moment, lorsque les varroas sont nombreux, mais vulnérables.

Pour en savoir davantage sur le varroa et les méthodes pour traiter les infestations, consultez le site https://varroa-destructor.fr

Le frelon asiatique

Cet insecte de l’ordre des Hyménoptères est un prédateur redoutable pour l’abeille mellifère. Il a été introduit en 2004 dans le sud-ouest de la France. Il a depuis énormément progressé et se retrouve dans pratiquement toutes les régions de France. Il a même traversé les frontières et est présent en Grande-Bretagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal. Sa progression est rapide, car les jeunes reines sont capables de parcourir plusieurs kilomètres pour trouver un site pour installer leur nid. Mais les échanges de marchandises favorisent aussi cette dispersion.

Le frelon asiatique – que les entomologistes nomment Vespa velutina – est un chasseur très efficace. Les ouvrières recherchent à plusieurs centaines de mètres autour de leur nid, des insectes et des araignées pour nourrir leurs larves. Chaque jour, une colonie de frelons asiatiques consomment jusqu’à 500 grammes d’insectes. Les frelons asiatiques sont aussi amateurs de charognes et collectent des lambeaux de viande sur les cadavres des petits animaux. Ils visitent aussi des poubelles à la recherche des restes de nourriture. Une colonie d’abeilles est donc un garde manger pour les frelons. Et une fois qu’une ruche est localisée, les frelons viennent continuellement attaquer les butineuses. Celles-ci sont capturées et tuées. Seul le thorax de l’abeille est rapporté au nid. Car c’est la partie du corps de l’insecte qui est la plus riche en protéines. Le reste – la tête et l’abdomen – est laissé sur place.

L’impact des frelons asiatiques peut être plus fort certaines années. Mais aussi dans certaines régions par rapport à d’autres. Le frelon asiatique bien que d’origine tropicale et subtropicale, ce trouve particulièrement à son aise sous le climat océanique de l’ouest de la France. Le climat sec méditerranéen est moins profitable pour cette espèce envahissante.

Il est difficile de lutter contre le frelon asiatique. Mais l’apiculteur devra tenter de réduire la pression de prédation sur ses colonies. Les frelons seront plus nombreux à partir du mois de juillet. Des pièges pour capturer les ouvrières pourront être mis en place. Il faudra parfois placer des muselières devant les ruches pour gêner les ouvrières en vol stationnaire et réduire le nombre d’abeilles tuées.

Pour obtenir davantage d’information sur le frelon asiatique, consultez le site http://frelonasiatique.mnhn.fr

La loque américaine

Il s’agit d’une maladie provoquée par Paenibacillus larvae, une bactérie qui se développe dans le corps des larves et les tue en quelques jours. Cette maladie est redoutable pour les abeilles, mais est sans danger pour les apiculteurs et les personnes qui consomment du miel. Il est très difficile de s’en débarrasser, car les bactéries sont capables de se transformer en un spore. Cette forme de résistance est capable de survivre plusieurs années dans des restes d’une colonie détruite, dans du miel et autres dépôts de cire. Ces dans le cadavre sec d’une larve tuée par la loque américaine, que le nombre des spores est le plus important. On en retrouve des millions.

La loque américaine n’est pas originaire des États-Unis ou d’un autre pays du continent américain. Elle est présente naturellement dans la plupart des régions du monde. Ce fléau menace donc tous les apiculteurs. Les ruchers sont généralement contaminés par l’introduction d’une colonie contaminée ou par du matériel souillé. Il faut donc être précautionneux. Et il est préférable de ne pas introduire d’essaims sont on ne connaît pas l’origine. L’achat de ruches d’occasion est aussi un facteur de risque supplémentaire. Mieux faut donc faire l’acquisition de ruches neuves et de colonies élevées par des apiculteurs reconnus pour la qualité de leur travail et la bonne santé de leur cheptel.

Le traitement contre la loque américaine est difficile. Il ne faut pas utiliser d’antibiotique, qui sont inefficaces sur les spores. Cette maladie est à déclaration obligatoire. Si l’on retrouve des signes de loque américaine (odeur putride du couvain, larves qui se liquéfient,…), il faut en avertir les services vétérinaires de la préfecture. Des tests seront effectués. Et si la loque américaine est présente sur le rucher, les colonies malades devront être détruites si la préfecture en fait la demande.

Le changement climatique

Les activités humaines et notamment industrielles produisent un fort dégagement de gaz carbonique. Ce gaz à effet de serre à comme conséquence d’augmenter la température moyenne à la surface du globe. Les impacts sont directs, mais aussi indirects pour les abeilles.

Le réchauffement climatique s’accompagne d’un dérèglement météorologique. Les périodes de canicule sont de plus en plus fréquentes en Été. Mais des printemps secs et des hivers plus froids se produisent dans de nombreuses régions du monde. Ces conditions sont défavorable à la végétation et donc à la production de nectar et de pollen. Les colonies ne trouvent pas suffisamment d’aliments lorsque se produisent des trous de miellée.

Les températures extrêmes stressent aussi des colonies, qui doivent alors dépenser davantage d’énergie pour réguler la température interne du nid, lorsqu’au dehors il faut très froid ou au contraire que les températures bien supérieures aux moyennes.

L’emploi des pesticides

Les pesticides sont des substances biocides qui tuent à très faible dose un grand nombre d’insectes. Contrairement à beaucoup de ravageurs, les insectes ne développent pas de résistance aux molécules utilisées. Les abeilles sont particulièrement sensibles aux produits de synthèse et notamment aux néonicotinoïdes. Des doses sublétales – c’est-à-dire qui ne provoque pas la mort immédiate de l’insecte – peuvent agir sur l’ensemble de la colonie et réduire ses capacités à collecter du nectar et du pollen.

L’agriculture conventionnelle consomme beaucoup de produits phytosanitaires. Mais les pesticides sont aussi employés en quantité par les jardiniers amateurs. Pour que les jardins deviennent des sanctuaires de biodiversité, il est important de bannir les produits de synthèse et d’adopter une lutte intégrée contre les ravageurs qui dévorent les plantes du potager et les arbustes ornementaux.

L’appauvrissement de la flore

L’Homme a colonisé la plupart des écosystèmes terrestres et les à profondément perturber. Les aménagements pour l’agriculture et le développement des villes sont responsables de la destructions de nombreuses zones naturelles et de la dénaturation de vastes espaces. La flore est donc modifiée. À cela s’ajoute les répercussions du réchauffement climatique. Les abeilles ont des difficultés à trouver des ressources alimentaires en quantité. Au sein des zones agricoles, la composition de la végétation est déséquilibrée. Quelques espèces cultivées dominent. Les autres plantes à fleurs sont souvent détruites par les désherbants ou restent cantonnées à la marge sur les rares haies et dans les fossés. La qualité du nectar et du pollen n’est alors pas toujours suffisante pour répondre aux besoins nutritifs des colonies. Il peut s’en suivre une malnutrition. Des carences en certains protéines peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des colonies. Celles-ci sont d’autant plus sensibles aux pressions des parasites et des agents pathogènes.

Les introductions d’abeilles étrangères

Les apiculteurs ne sont pas entièrement innocents face à la disparition des abeilles domestiques. En effet, beaucoup d’apiculteurs ont introduit des sous-espèces d’abeilles qui sont étrangères à leur région. En France, la sous-espèce locale est l’abeille noire (Apis mellifera mellifera). Mais l’on retrouve souvent dans les ruchers d’autres sous-espèces et notamment l’abeille italienne (Apis mellifera ligustica) et l’abeille du Caucase (Apis mellifera caucasica). On retrouve aussi des races sélectionnées pour leur productivité et leur douceur, comme l’abeille Buckfast. Ainsi, seulement 10% des abeilles gardées dans les ruches françaises sont des abeilles noires.

L’introduction des abeilles de sous-espèces étrangères provoquent une hybridation des lignées endémiques à nos régions. Il se produit une perte des caractères originaux, qui sont garants de la résistance de l’abeille locale aux climats et aux parasites qu’elle rencontre. Actuellement, rares sont les régions en France qui sont à l’abri de l’invasion des sous-espèces exotiques. La Corse est toutefois protégée par un arrêté préfectoral et l’abeille corse est actuellement sauve. On retrouve aussi des enclaves sur quelques îles où les abeilles noires sont les seules présentes. C’est le cas par exemple de Ouessant et de l’Île de Groix en Bretagne.

Si vous souhaitez en savoir davantage sur les actions de conservation de l’abeille noire en France, vous pouvez consulter le site de la Fédération européenne des Conservatoires de l’abeille noire.

La synergie des menaces

Les abeilles sont d’autant plus sensibles qu’elles sont soumissent à des menaces qui ont des actions cumulatives et parfois synergiques. Par exemple, l’impact du varroa est augmenté sur les colonies qui sont soumises à des produits phytosanitaires. Les butineuses sont alors désorientées et elles ne retrouvent plus de chemin pour rejoindre leur colonie. Les pertes sont donc très importantes.

Cette synergie est probablement la cause du syndrome d’effondrement des colonies qui l’on observe en Europe et en Amérique du Nord. Il faut donc adopter une approche globale de la santé apicole, de l’agriculture et de la préservation des espaces naturels, si l’on souhaite sauver les abeilles mellifères et la plupart des insectes pollinisateurs.